Relier les systèmes de connaissances autochtones et scientifiques pour les prévisions météorologiques et les réponses politiques en Afrique
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Relier les systèmes de connaissances autochtones et scientifiques pour les prévisions météorologiques et les réponses politiques en Afrique

9 JUIN 2011, BONN, Allemagne
Relier les systèmes de connaissances autochtones et scientifiques pour les prévisions météorologiques et les réponses politiques en Afrique

Face à des phénomènes météorologiques inattendus, les éleveurs doivent prendre des décisions qui peuvent avoir des répercussions sur leurs cultures, leurs moyens d'existence et leurs relations avec les autres communautés voisines. Pendant les périodes de sécheresse, les éleveurs Mbororos doivent s’adapter en changeant la composition de leurs troupeaux ou voyagent de plus longues distances, parfois plus de 1000 kilomètres, à la recherche de pâturages. La décision de déplacer le bétail peut déclencher des problèmes avec les agriculteurs qui sont également confrontés à un stress météorologique. Un événement météorologique particulièrement grave peut ainsi conduire à des changements à long terme, tel que la transition vers l'agro-pastoralisme et l'inclusion de plus de dromadaires dans un troupeau, ce qui a notamment été observé dans les communautés Touaregs après la sécheresse de 1972 au Niger. A travers la présentation de ces informations lors d'un événement parallèle de la récente conférence sur le climat de l'ONU à Bonn, en Allemagne, Hindou Oumarou Ibrahim et Aboubakir Alabachir, les représentants des peuples autochtones du Comité de coordination Afrique (IPACC), ont contextualisé la dépendance des éleveurs des conditions météorologiques et du besoin d'informations facile d’accès sur le climat. La connaissance des peuples autochtones et des communautés locales constitue les principales sources de prise de décision, et les prévisions météorologiques scientifiques peuvent aider à augmenter la résilience des communautés face aux événements climatiques imprévisibles et aux tendances saisonnières, surtout à une époque d'incertitude accrue par le changement climatique. De même, les informations détenues par les communautés locales, qui peuvent décrire des phénomènes météorologiques spécifiques au site couvrant de larges surfaces et de grandes échelles de temps, a le potentiel d'enrichir la prévision scientifique. Dans ses remarques d’introduction, Douglas Nakashima, le président du comité de l'UNESCO a déclaré que les connaissances autochtones, autant que les connaissances scientifiques, ont le potentiel de fournir des contributions nécessaires et utiles à des référentiels de connaissances mondiales sur le changement climatique, tels que la base de connaissances sur les changements climatiques, une initiative transdisciplinaire des Nations Unies menée par l'UNESCO et l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

Les informations scientifiques, sont cependant rarement présentées d'une manière qui peut être utilisée en toute confiance par les communautés. Dr Shivakumar de l'OMM a présenté une initiative intitulée Cadre mondial pour les Services Climatologiques (CMSC), qui vise à renforcer l'application des services climatologiques à de multiples niveaux. Il a souligné le fait que, même s’il y avait un accord sur la nécessité de lier les connaissances et les perceptions des scientifiques et des communautés locales, la réalisation de cet accord sur le terrain restait un défi. Reconnaissant qu’il reste encore beaucoup de travail à faire, il a proposé l'idée de prolonger les discussions de cette manifestation parallèle lors d’un atelier international sur les prévisions traditionnelles et scientifiques, et a invité l'UNESCO et l’IPACC à engager le travail au sein de la Plate-forme des utilisateurs du CMSC Interface. Cette synergie a été encouragée et soutenue par le Centre Africain pour les Applications de la Météorologie au Développement (ACMAD), représenté à l'événement parallèle par Cheikh Kane.

Johnson Cerda, de Conservation International, a mis en évidence l'impact positif d'un dialogue efficace entre les détenteurs de savoirs traditionnels et les scientifiques sur la politique d'adaptation, se référant aux principes énoncés dans le Cadre d'Adaptation de Cancún.

Les présentations ont été suivies d'une discussion ouverte. Les participants ont débattu de l'importance de la documentation et de la reconnaissance de la valeur essentielle des savoirs locaux et autochtones sur lesquels sont basées les décisions relatives à aux questions de subsistance critiques des communautés, tout en soulignant la nécessité pour les détenteurs de savoirs de définir eux-mêmes le cadre de la façon dont ces documentations sont effectuées.

Organisé par IPACC et de l'UNESCO, l'événement parallèle a également vu le lancement d'une initiative conjointe entre l’IPACC, l'UNESCO, l'ACMAD, l'OMM et CI. Après les exposés, un représentant du gouvernement du Tchad, M. Moussa Tchitchaou, Directeur des Ressources en Eau et de la Météorologie au sein du ministère de l'Eau et Point focal pour la CCNUCC, a officiellement annoncé un atelier qui s’est tenu plus tard, à N'Djamena, entre le 5 et le 7 Septembre 2011. L'atelier a en effet réuni un plus grand groupe de éleveurs et météorologues représentant plusieurs pays africains et a pu élargir les discussions sur les thèmes abordés au cours de la manifestation parallèle.

 

 

 

Présentations du panel:

Hindou Oumarou, IPACC  
Aboubakir Alabachir, IPACC  
Mannava Shivakumar, WMO  
Johnson Cerda, Conservation International